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«Toute l’économie doit proposer nettement plus de places d’apprentissage ICT.»

Le 11 mai 23

En tant que Conseillère nationale et directrice de l’association économique Swico, Judith Bellaiche s’engage pour le progrès numérique de la Suisse. Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, elle nous parle du rôle que joue la politique dans la lutte contre la pénurie de main-d’œuvre ICT et de l’importance qu’elle attache à la formation professionnelle. Elle évoque aussi des pistes pour augmenter la représentation des femmes dans les professions de l’informatique et nous dévoile le prochain métier d’avenir qu’elle verrait dans ce champ professionnel.


Madame Bellaiche, comment en êtes-vous venue aux technologies de l’information et de la communication? 

Par hasard, en fait! Dans ma fonction de Conseillère cantonale, j’ai mené il y a quelques années une campagne contre une imposition inéquitable des start-ups. J’ai alors découvert le monde fascinant des modèles d’affaires numériques. Aujourd’hui, en tant que Conseillère nationale, je continue à m’investir pour les start-ups et la numérisation.


Qu’est-ce qui vous fascine dans le numérique?

Les immenses possibilités qu’offrent les innovations numériques. La numérisation a permis de réaliser d’innombrables gains d’efficience, et le potentiel est loin d’être épuisé. Il suffit de penser au changement climatique, à la médecine personnalisée ou encore à l’agriculture: la numérisation peut nous aider encore bien plus. 


Comme directrice de Swico, où voyez-vous les grands défis à relever dans le domaine ICT?

Chaque nouvelle technologie présente un revers de la médaille: là où il y a des opportunités, il y a aussi des dangers. Il faut donc faire face à une pression réglementaire accrue. Créer un cadre réglementaire approprié et propice à l’innovation à même de renforcer la confiance des gens dans la numérisation constitue un vrai challenge.


À l’horizon 2030, la Suisse aura besoin d’environ 40 000 professionnels ICT supplémentaires. Sommes-nous en mesure de couvrir le besoin croissant de personnel qualifié? 

2030 est déjà à notre porte. Si nous ne mettons pas les bouchées doubles, nous n’y parviendrons pas.


Selon vous, quelles sont les principales mesures à prendre pour lutter contre la pénurie de main-d’œuvre?

D’une part, notre branche mais aussi toute l’économie doivent proposer nettement plus de places d’apprentissage ICT. D’autre part, et c’est inéluctable, nous devons mettre en place et déployer des programmes standardisés de reconversion professionnelle pour accompagner de manière positive le changement structurel et permettre aux adultes d’embrasser les métiers du numérique.

À long terme, l’école doit jouer sa part: chaque jeune doit posséder des connaissances numériques de base suffisantes au terme de sa scolarité.




"Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de renoncer aux femmes dans la vie économique!"

̶  Judith Bellaiche, Conseillère nationale et directrice de l’association économique Swico



Quel est le rôle de la politique dans ce contexte?

La politique joue un rôle important, surtout dans le domaine de la formation. Accorder à la numérisation l’importance qu’elle mérite au sein de l’école soulève encore de nombreuses résistances. D’autres pays ont mieux réagi à ce niveau, et plus vite que la Suisse. Ce qu’il manque au monde politique ou au Gouvernement, c’est une vision pour la Suisse: comment voulons-nous impacter la numérisation, nous mettre en réseau avec d’autres acteurs internationaux et atteindre nos objectifs? Actuellement, notre pays se laisse porter par le mouvement: au lieu d’agir, il se contente de réagir. C’est à nous qu’il advient de définir le cap pour fixer les bonnes priorités, également dans le domaine de la création de main-d’œuvre qualifiée.


Quelle est l’importance de la formation professionnelle pour la place économique suisse?

Elle constitue un pilier essentiel pour former et promouvoir la main-d’œuvre. Elle revêt une importance indéniable pour notre place économique et est étroitement liée à l’économie, car les entreprises participent directement et de manière ciblée à la formation des jeunes.


Comment consolider durablement la formation professionnelle dans les entreprises?

La formation professionnelle est solide! Il est essentiel qu’elle s’affirme face à l’économie, mais aussi face à la société et à la politique et qu’elle ne tombe pas dans la défensive. Nous devons aussi résister à la tentation d’opposer formation professionnelle et formation gymnasiale. La formation professionnelle occupe une place à part dans notre paysage de formation et est incroyablement attrayante pour les jeunes. Nous devons sans cesse bâtir sur ces acquis et adapter les profils des professions et les contenus d’apprentissage à l’évolution du monde du travail.


La formation professionnelle pourvoit près de 80% de la main-d’œuvre ICT. Pourtant, l’association compétente est structurellement sous-financée*. De votre point de vue, comment pourrait-on assurer le financement d’ICT-Formation professionnelle Suisse?

Je privilégie, dans la mesure du possible, la responsabilité de l’économie à l’intervention de l’État. Mais cela signifie que les milieux économiques doivent s’entendre et développer une volonté commune pour créer leur propre vivier de professionnels. L’afflux de spécialistes étrangers ne peut être durable, car les autres pays ont eux-mêmes besoin de cette main-d’œuvre. C’est pourquoi les entreprises doivent elles aussi fixer correctement leurs priorités: elles doivent être disposées à cofinancer la formation de leur personnel.


Vous vous engagez pour davantage de femmes dans les métiers de l’informatique. Pourquoi?

Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de renoncer aux femmes dans la vie économique! Dans les technologies de l’information, elles sont largement sous-représentées, bien que notre branche propose des conditions de travail particulièrement attrayantes et souples. Au vu de la pénurie de personnel, nous devons réussir à attirer les femmes vers les métiers de l’informatique.


Comment les entreprises peuvent-elles promouvoir la diversité?

Les entreprises manquent de modèles féminins. On sous-estime totalement leur force d’attraction. Les femmes doivent, au même titre que les hommes, occuper des fonctions dirigeantes et être les ambassadrices de notre industrie et de nos métiers.


Quel pourrait être selon vous le prochain métier d’avenir? 

Peut-être un «guide numérique» qui soutiendrait les gens dans leurs interactions avec l’intelligence artificielle, ferait office de traducteur entre l’homme et la machine et faciliterait ainsi leur collaboration.

 

 

* En raison de sa fonction transversale, le champ professionnel ICT ne peut pas bénéficier des possibilités de financement des associations de branche traditionnelles (p. ex. fonds de formation professionnelle).